Aro Satoe, le tome 14 de Théodore Poussin par Frank Le Gall

Très attendu, le dernier album de la série Théodore Poussin par Frank Le Gall ne pouvait qu’être à la hauteur de nos espérances. L’auteur n’a-t-il pas toujours démontré qu’il savait raconter des histoires à la fois palpitantes et profondes, et ce depuis 1984 ?

Couverture de Aro Satoe — © Théodore Poussin – Frank Le Gall – Dupuis

Interviewé dernièrement par Les Amis de Spirou, Frank Le Gall nous livre un nouveau tome très réussi avec Aro Satoe. Dans cette aventure, Théodore Poussin, accusé de piraterie, se voit contraint de se réfugier sur les hauteurs de l’île de Tanjkeh-Lingur, poursuivi par les anglais et leur commandant sans pitié.

Planche 1 de Aro Satoe — © Théodore Poussin – Frank Le Gall – Dupuis

Dans cette fuite, il est accompagné de la digne et superbe Aro Satoe auprès de laquelle il séjourne, et d’un guide, Nana Sahib, qui connaît heureusement bien l’esprit de cette mystérieuse île. La survie des personnages traqués dans les profondeurs de l’île n’est pas gagnée. Pourtant, quelqu’un semble œuvrer pour eux discrètement, leur permettant d’aller toujours plus loin en avant. Mais jusqu’à quand ?

Planche 2 de Aro Satoe — © Théodore Poussin – Frank Le Gall – Dupuis

Aro Satoe, ce sont au fond deux intrigues en une seule. A la fois, Théodore Poussin s’inquiète du sort de ses hommes, l’équipage de l’Amok, qui risque à tout moment d’être pendu à Singapour, mais devant la menace qu’il subit, il est obligé de s’enfuir. De l’autre côté, Aro Satoe lui fait une révélation sur le plan personnel qui le contraint à faire un choix, non sans rappeler celui qu’avait fait son propre père autrefois !

Planche 3 de Aro Satoe — © Théodore Poussin – Frank Le Gall – Dupuis

Frank Le Gall nous gâte ici avec un très bel album mis en valeur par une splendide couverture. L’histoire a beau être sombre et les événements ne pas épargner nos protagonistes pourtant aguerris, on est littéralement subjugué par la qualité de la mise en scène et du dessin.

Planche 4 de Aro Satoe — © Théodore Poussin – Frank Le Gall – Dupuis

Les traits tantôt plus fins, tantôt plus épais, les ombres marquées, les visages parfois insondables, tout cela donne beaucoup de caractère à l’ensemble, et la lisibilité reste malgré tout toujours préservée. C’est un fait avéré, qu’il s’agisse de scénario, de dessin ou de couleurs, rien n’a été délaissé, tout fonctionne magnifiquement bien. Les couleurs, par Robin Le Gall, surtout, sont au service de l’ambiance peu joyeuse de l’histoire que Frank Le Gall nous conte.

Planche 5 de Aro Satoe — © Théodore Poussin – Frank Le Gall – Dupuis

Aro Satoe pose beaucoup de questions importantes, sur la survie, la vie et la mort, les choix qu’il faut faire parfois à contrecœur. L’auteur n’hésite pas à dépeindre les qualités et les défauts de l’être humain. Même Théodore Poussin n’est pas toujours ce héros parfait et irréprochable, mais que de grandes aventures il nous fait vivre ! Bien sûr, il ne peut jamais être aussi atroce que ce commandant anglais qui envoie ses hommes à la mort, sans une once de regret dans la voix…