Le Vol du Rapier – T9 de Buck Danny Classic
Une mission périlleuse sur un avion « top secret » aux performances incroyables, le tout sur un terrain dangereux peuplé d’espions à la solde d’un ennemi sans scrupules ? Voilà un job sur mesure pour le toujours courageux Buck Danny ! Et si en plus de l’aspect purement patriotique de l’affaire se greffe une question d’honneur et d’amitié, avec Le Vol du Rapier, le militaire le plus célèbre de la BD ne pourra que s’y épanouir !
Des savants américains qui disparaissent, c’est somme toute assez courant et pour tout dire peu original… Mais retrouver la trace de ces mêmes savants des années après sur une photo obtenue d’un espion russe voulant passer à l’Ouest, c’est beaucoup plus rare et énigmatique. Le président Eisenhower et le directeur de la CIA Dulles prennent l’affaire en main pour éclaircir le mystère et décident d’une reconnaissance aérienne secrète au-dessus de la base atomique soviétique où les clichés des scientifiques ont été pris. C’est bien sûr Buck Danny, aux manettes d’un « Rapier », prototype ultra perfectionné et doté de technologies les plus en pointe, qui est affecté à cette mission délicate. Aidé par ses fidèles ailiers Sonny Tuckson et Tumbler, le colonel à la parfaite chevelure blonde émigre sur les bases britanniques de Biggin Hill et de Fraseburgh d’où il pourra lancer l’opération. Pénétré par sa mission, d’autant plus qu’un des potentiels survivants est son ami Sam Shepard, Buck va devoir faire face à toutes sortes de périls dans un univers rempli d’espions, tandis que Tuckson va bien malgré lui apporter encore plus de dangers et d’inquiétudes à l’entreprise…
Le colonel Danny, mystérieusement rajeuni, va donc évoluer dans le milieu de l’espionnage en pleine guerre froide dans ce nouveau cycle de la série « Classics ». Dans la lignée des précédents opus de cette collection dérivée, Marniquet et Zumbiehl proposent une histoire prenante, pleine de rebondissements et d’action, que n’aurait pas reniée le grand Charlier. Inspiré de la disparition des passagers du vol C-124 Globemaster le 23 mars 1951, le scénario hitchcockien se lit agréablement en mêlant une certaine tension dramatique avec les marronniers traditionnels des histoires « à papa » propres à une série qui se veut classique. Ainsi, tout au long des 48 pages de la BD, on suit des pilotes et héros intègres façons boy-scout, on y rencontre une femme fatale, des espions en tout genre, des personnages inquiétants en imperméables et chapeaux se cachant au coin des rues et on est entrainé vers un énigmatique château écossais… Très appréciés des fans, les marqueurs de la série Buck Danny sont également de la partie, entre explications techniques très précises, héros imperturbable face à une mission quasi suicide, sans oublier les fameuses jauges d’essence presque toujours vides, ni Sonny Tuckson qui, par sa naïveté auprès de la gent féminine, va se mettre en danger et menacer l’opération elle-même… Par ailleurs, notons que, l’histoire se déroulant en 1958, les dialogues sont adaptés à cette période sans se préoccuper du politiquement correct actuel. Dans « Le vol du Rapier », les américains font la chasse aux « ruskoffs », « popovs » et à la « vermine rouge », tandis que les soviétiques ne voient en Buck qu’un « démon impérialiste » …
Le dessin de Le Bras, fidèle à la série permet de s’immerger de jolie façon dans cette aventure menée tambour battant. Le trait est épuré, net, et, tout en étant assez précis sur les avions et l’équipement aéronautique en général, est exécuté sans trop de fioritures ni force détails notamment sur les décors et les personnages. Cela convient parfaitement à un album se déroulant dans les 50’s, et lui donne le certain aspect rétro sympathique qu’ont les bobines des films en Cinémascope Technicolor. Les couleurs, justement, sont quant à elle parfaitement maitrisées par K. Formaggio et V. Romanazzi et arrivent à dépeindre l’atmosphère froide des pays du nord de cette BD qui fait voyager du Groënland à l’URSS en passant par l’Angleterre et l’Ecosse.
« Le vol du Rapier » est donc suffisamment divertissant et entrainant pour garantir une lecture pleine d’évasion dans laquelle on retrouvera avec gourmandise les classiques des fictions d’antan sans montrer un aspect trop daté et inadapté aux temps actuels. Les fondements de ce nouveau cycle sont donc solides et sa suite est déjà fortement attendue.
Chronique écrite par Mathieu DEPIT
Informations sur l’album
- Scénario : Frédéric Marniquet et Frédéric Zumbiehl
- Dessin : André Le Bras
- Couleurs : Ketty Formaggio et Valeria Romanazzi
- Éditeur : Dupuis « Zephyr »
- Date de sortie : 18 novembre 2022
- Pagination : 48 en couleurs
- Format : 240 x 320
