Reportage à l’exposition Dupuis : La fabrique de héros. Cent ans de 9e art au Pays noir
Du 17 décembre 2022 au 30 juillet 2023 se tient une exposition incontournable au Musée des Beaux-Arts de Charleroi. Fraîchement rénové, ce dernier inaugure les lieux en grande pompe en mettant les éditions Dupuis et tous leurs héros à l’honneur avec La fabrique de héros.

Dès l’espace d’accueil, on ne voit qu’une seule chose, c’est une réplique du Gaffophone de Gaston Lagaffe. Un selfie à ses côtés est quasiment obligatoire. Le catalogue d’exposition est aussi visible dans la boutique, à feuilleter à la sortie pour se décider. La couverture donne déjà envie, elle est parsemée de têtes de personnages célèbres de la bd, ça pourrait être amusant de chercher à les reconnaître.

Les grands noms des éditions Dupuis
Une toute première salle de l’exposition est consacrée au webtoon Le grand retournement mais elle nous semblait trop sophistiquée pour démarrer. Nous préférons débuter par la salle suivante, sorte de bureau de la direction Dupuis avec la représentation de plusieurs portraits rétroéclairés de grandes figures des éditions, dont l’amusant Yvan Delporte et l’important Jean Doisy. Tout un tas éléments attirent notre attention, comme le 1er numéro du Journal de Spirou et un exemplaire du fanzine des ADS.

Le 9ème art ou le travail fastidieux des scénaristes, des dessinateurs et des coloristes
Nous voici ensuite catapulté dans une très grande pièce annonçant de nombreuses haltes passionnantes. L’exposition se découpe en fonction des étapes liées à la création et à la production de bd. Dommage que le divan dans lequel on peut écouter Cauvin nous parler ne fonctionne pas ce jour-là. On se met alors à lire les différents panneaux accrochés dans des sortes de casiers comme à l’école. Y sont expliqués la manière dont les auteurs de bande dessinée élaborent leur scénario. Certains écrivent beaucoup, d’autres joignent des croquis ou des photos, d’autres font des tableaux très structurés…
Sur les murs, sont exposés tout un tas d’éléments, que ce soient des objets que le visiteur doit relier à la bande dessinée appropriée, ou des planches tirées de séries cultes, en noir et blanc. L’exposition étant installée dans d’anciennes écuries, plein d’objets sont aussi à admirer dans ce qui était auparavant les anciens abreuvoirs, recouverts d’une forme de plexi.
De l’autre côté, est attablé ce jour-là BenBK, le coloriste notamment de Game Over (Midam), qui nous explique son travail de coloriste sur Ipad avec Clip Studio Paint (à voir sur son site officiel). Il se montre hyper disponible et répond à nos nombreuses questions avec beaucoup de passion. Petite note, chaque samedi, une personnalité de la bande dessinée est invitée pour être présente à l’exposition, mais le visiteur ne sait jamais sur qui il va tomber. Plus loin, sur de grands écrans interactifs, on peut suivre plusieurs dessinateurs qui nous montrent de façon amusante comment ils travaillent leurs personnages et jouent un peu nos maîtres de stage le temps d’une petite formation.

Dupuis, ses métiers et les différentes étapes de la création du Journal de Spirou
En plus d’offrir la possibilité de lire des bd sur place, le musée propose d’autres installations consacrées au travail de Dupuis. Les commissaires ont mis l’accent sur l’aspect « métier », mais aussi le contexte industriel qui caractérise Charleroi. On nous parle de tous les métiers qui font vivre les bds et le Journal. Les différentes étapes qui permettent de publier chaque semaine le Journal de Spirou sont par ailleurs très bien expliquées. On sent que ça n’arrête jamais de chômer à la rédaction, quand une semaine est terminée, on enchaîne la suivante, et c’est beaucoup de travail aussi pour les auteurs de livrer une planche chaque semaine.
Comme convenu, une fois sortis de l’exposition, on fonce voir quelles bandes dessinées sont vendues dans la boutique et on craque pour le catalogue, en plus d’un autre livre qui présente les éditions, avec beaucoup plus d’images et beaucoup moins de textes…
Une exposition tous publics pleine de petites pépites
L’exposition valait vraiment le détour, l’humour y est très présent, avec ces nombreux panneaux jaunes disposés à même le sol, interpellant le visiteur avec des petites blagues comme « Sortie de gag, risque de chute » ou ces trous de serrure à travers lesquels on peut voir quelques secrets soi-disant inavouables des éditions Dupuis et de leur travail. On rit aussi des posts-it reprenant les remarques acerbes d’un correcteur qui n’en peut certainement plus des erreurs lourdes que font les auteurs…
On ne boude pas non plus son plaisir de pouvoir rencontrer des personnalités du monde de la bd en chair et en os, finalement, rien n’est plus formateur que cela et on les admire d’ailleurs de parvenir à bosser en public, ça ne doit pas être évident.
Il en ressort une exposition très accessible, qui n’en dit ni trop, ni trop peu, avec à la fois des informations générales (mais jamais barbantes) et des pépites qui plairont à un public un peu plus averti.

Reportage de Aurélie DORCHY
Informations pratiques :
Date : 17 décembre 2022 au 30 juillet 2023
Lieu : Musée des Beaux-Arts, Boulevard Mayence 67, 6000 Charleroi
Entrée payante
Site du musée des Beaux-Arts de Charleroi











