Scarface le tome 2 de Black Squaw

Nous republions la chronique de Scarface, le tome 2 de la série Black Squaw par Alain Henriet et Yann, publiée originalement en juillet 2021 sur notre page Facebook.

Après une première partie de haute volée, c’est le retour de Bessie Coleman alias Black Squaw. De sang africain par sa mère, et Cherooke par son père, la jeune aviatrice entend bien régler quelques vieux comptes avec le Ku Klux Klan.

Page 3 de Scarface le tome 2 de Black Squaw — © Black Squaw – Alain Henriet et Yann – Dupuis

Dans le deuxième tome de la série de Yann et Henriet « Scarface », nous en apprenons davantage sur la vie de Bessie Coleman. Tout d’abord un petit flash-back dans lequel on découvre ses deux grands frères qui, revenus du front de la première Guerre mondiale, rapportent à la petite Bessie un autographe d’Eugène Bullard « L’Hirondelle noire de la mort » pilote afro-américain dans l’armée française. Une signature qui vaut de l’or et qui entretien le rêve de la fillette de devenir aviatrice.

Page 4 de Scarface le tome 2 de Black Squaw — © Black Squaw – Alain Henriet et Yann – Dupuis

Rythmée à la manière d’un bon vieux film, la série traverse les temps forts de l’Amérique du début du XXe siècle. En pleine prohibition, la jeune femme travaille pour Al Capone dit « Scarface » et affronte les membres du Ku Klux Klan. « Obstinée comme une Cherokee et têtue comme une Africaine », c’est ainsi que Bessie se définit lorsqu’elle décide de régler, seule, son compte à l’organisation suprémaciste blanche.

Page 5 de Scarface le tome 2 de Black Squaw — © Black Squaw – Alain Henriet et Yann – Dupuis

Dans Black Squaw, aucun artifice, rien n’est sur-joué ou ultra-spectaculaire. On est dans le grand récit avec des scènes d’actions réalistes tantôt dans le passé de la jeune femme, tantôt dans son présent. Et c’est toute une galerie de personnages, principaux ou secondaires, qui donne de l’épaisseur à l’histoire : outre le célèbre trafiquant d’alcool et le KKK, on y retrouve des gangsters plus vrais que nature, des gamins téméraires et un vieux bougre qui sert d’informateur à Bessie. De plus, le découpage et le vocabulaire argotique utilisé par les protagonistes complètent la dimension cinématographique de cette bande dessinée.

Page 6 de Scarface le tome 2 de Black Squaw — © Black Squaw – Alain Henriet et Yann – Dupuis

Fidèle à l’histoire, le dessin d’Alain Henriet nous embarque avec finesse dans l’exploration de territoires mythiques tels que l’île canadienne Terre-Neuve ou l’archipel français de Saint-Pierre-et-Miquelon. Subjugué, le lecteur passera aisément du détail des tranchées de la Grande Guerre aux magnifiques paysages de ces pays du bout du monde, le tout rehaussé par un travail graphique admirable qui révèle avec précision ce que furent les avions ou les voitures de ce début de XXe siècle.

© Black Squaw – Alain Henriet et Yann – Dupuis

Au final, Black Squaw, c’est davantage que de la BD, c’est de la littérature, une alliance audacieuse et subtile des récits d’Antoine de Saint-Exupéry et de Joseph Kessel en somme.

Chronique écrite par Bruce RENNES